Partie 3: La ZLECA ou comment relancer les économies africaines au lendemain de la crise sanitaire du COVID-19

La ZLECA est le moteur de la relance économique qu’il faut pour l’Afrique

Les grandes crises accouchent des grands progrès ! La ZLECA est en passe de devenir un grand progrès, et peut atteindre son objectif de disposer d’un marché unique pour les marchandises et les services bien plus tôt que l’horizon 2069 prévu.

Certes la relance économique ne sera pas nécessaire dans la même mesure pour tous les pays, elle est toutefois déjà inévitable pour tous. Là encore, des solutions basées sur l’opérationnalisation de la ZLECA méritent d’être considérées.

  • Réformer les échanges sur la base des acquis des Communautés Économiques Régionales : si l’objectif de l’Union est de voir les échanges entre pays africains croître de 60%, il faut que cette croissance soit d’abord constatée au niveau régional. Garantes de l’intégration économique au sein de l’Union, les CER qui la composent ont un rôle primordial à jouer dans le cadrede la relance économique post-crise.


Figure 1: Répartition des pays africains par Communauté Économique Régionale

Dépouillées de toute mission politique, les CER vont pouvoir se concentrer sur la réglementation tarifaire, la régulation des échanges, la promotion de la libre circulation des personnes et des biens. L’Union disposera alors d’autant de cadres juridiques et de zones économiques harmonisées que de CER. Une fois cette étape atteinte, il sera plus facile de fusionner ces cadres juridiques et zones économiques à l’échelle du continent, faisant de l’intégration économique une réalité.

Outre l’intégration économique et la promotion des échanges, les CER peuvent aider l’UA à formaliser la circulation des personnes. Si elle devenait effective, la circulation des personnes révolutionnerait complètement le trafic aérien et impacterait positivement la circulation des biens.

  • Réadapter la théorie de l’avantage comparatif : selon David Ricardo : « Si les pays se spécialisent dans les secteurs où ils ont un avantage comparatif et qu’ils échangent librement entre eux, ils bénéficient tous de ce système ». Aujourd’hui encore, cette théorie est considérée comme la base du commerce international. Sa principale limite étant de ne pas intégrer les coûts annexes inhérents à l’échange international à savoir : le transport, les frais douaniers, le coût des devises, etc. A travers ses CER, l’Union Africaine est capable de se doter d’un régime fiscal unique, apportant une réponse à cette limite.

Tous les pays de l’Union sont actifs dans l’importation et l’exportation de biens. Ils contribuent tous au commerce international selon leurs besoins de consommation (à l’import) et leurs capacités de production (à l’export).

Figure 2: Chargement de Coton au Burkina Faso

Si la mention faite à la théorie de Ricardo n’est pas si évidente, elle n’est pas non plus si éloignée de la réalité. Réunis en CER, les pays de l’Union ont la capacité de proposer certaines quantités de certains biens spécifiques. La somme de ces capacités permettrait d’établir une cartographie en quantité des biens disponibles par CER. Libre au marché d’établir une charte définissant des qualités standards de chaque bien, pour créer une demande locale destinée à une offre locale. Il y va de la création d’une chaîne de valeur partielle ou totale dans chaque branche de l’activité économique du continent.

  • Développer une réelle industrie locale : l’Afrique comptera une population de 2,5 milliards de personnes d’ici 2050, soit le double de sa population actuelle. Pour répondre aux besoins en consommation qu’implique cette augmentation de population, l’Afrique va devoir disposer d’une capacité de production à échelle industrielle. La création d’une chaîne de valeur induit aussi la naissance de nouveaux besoins ou l’amplification de besoins existants. Il faut industrialiser l’Afrique pour combler les besoins qui naîtront de l’intégration économique et de la croissance de la population. Là encore le Made in Africadevra être mis en avant. Encore une fois, les acquis de la ZLECA doivent être mis à profit pour créer l’Industrie africaine par excellence. Celle qui sera approvisionnée par les marchés locaux pour répondre à des besoins locaux.
 
  • Plaider en faveur du rôle fédérateur d’une monnaie commune d’échange : une monnaie n’a de légitimité qu’au sein du système de valeur qui lui confère sa structure. En l’absence de marchés communautaires performants et prospères, il est normal que la question de la monnaie commune crée autant de divergences que lors de l’apparition du projet de monnaie communautaire de la CEDEAO.


Avec un marché communautaire bien régulé et adopté par tous les acteurs économiques, la donne change. Pour être soutenue convenablement, une économie intégrée disposant d’une industrie locale prospère a besoin d’une monnaie fédératrice. Le rôle de l’Union Africaine et des instances communautaires et nationales de décisions sera de renforcer le plaidoyer en faveur du rôle fédérateur d’une monnaie commune africaine.


Figure 3: Projet de maquette pour une monnaie communautaire

  • Redéfinir les termes du commerce international : les échanges avec le reste du monde en seront forcément impactés, et ce sur tous les plans. Au profit des mesures tarifaires, les échanges locaux prendront le pas sur ceux avec le reste du monde. L’Afrique est appelée à changer de rôle, à passer de consommateur à producteur, de demandeur à offreur.

    La nouvelle dynamique insufflée par la ZLECA devrait permettre à l’économie africaine d’être suffisamment forte pour imposer ses propres termes de l’échange, moins contraignants et plus collaboratifs. Le continent entamera une rupture progressive avec les pratiques voulant que l’Afrique soit le lieu d’extraction des matières premières et le lieu de consommation des produits finis sans être le lieu de production. Désormais ce qui est extrait en Afrique devra être transformé en Afrique et consommé en partie en Afrique.

Vers un éveil des consciences
Entre demande de remises de dettes, aides sanitaires et alimentaires, les premières mesures annoncées par l’Union Africaine ne vont hélas pas dans le sens d’une intégration économique africaine. Elles semblent plus basées sur la coopération historique avec l’occident que sur la confiance en de réelles capacités locales. L’UA a mis en place la ZLECA pour éviter que des crises comme celles du COVID-19 n’ébranlent et n’affaiblissent trop fortement nos économies. Elle devrait donc profiter de la situation actuelle pour mener un réel plaidoyer auprès des nations membres, ponctué de solutions économiques concrètes pour endiguer la crise.

Les bouleversements économiques en cours n’épargnent aucun secteur et ils constituent des opportunités pour chaque acteur économique. Il est de la responsabilité de ces derniers de se mettre au pas et de se faire accompagner au mieux pour adapter leurs activités aux différents changements de mode de vie et de mode de consommation induits par la crise actuelle.

Aux clients qui les interpellent, les équipes d’ACT Afrique tiennent un discours rassurant et optimiste. Nous sommes convaincus que le continent viendra à bout de cette crise sanitaire et que notre rôle est d’aider les acteurs économiques et les décideurs du continent à y parvenir.

Dans un premier temps, nous jouons notre partition auprès des différentes entreprises locales. Nous apportons à nos clients un accompagnement en tout temps et des solutions de gestion innovantes pour les aider à traverser la crise avec le moindre impact possible.

Dans un second temps, nous endossons volontiers un rôle de lobby auprès de gouvernants et décideurs africains, en leur rappelant la nécessité de trouver une solution africaine à la crise. Nous leur apportons un support effectif dans l’analyse des impacts socioéconomiques de la crise et dans l’élaboration de leurs stratégies de riposte et de relance économique face au COVID-19.

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